En France, 85% des enfants sont victimes de violences éducatives ordinaires (VEO). La moitié des enfants sont frappés avant l’âge de 2 ans et les 3/4 avant 5 ans.
Il existe un Observatoire de la violence éducative ordinaire (Oveo). Cet observatoire est l’association de référence en France sur la violence éducative ordinaire. Ils recensent les études du monde entier sur le sujet, les traduisent et les communiquent.
Ok mais c’est quoi la violence éducative ordinaire ?
La VEO concerne les trois types de violence :
- physique (taper, pincer, douche froide),
- verbale (insultes, cris)
- psychologique (chantage, comparaison avec les autres enfants, menaces, retrait d’amour…).
“Ces méthodes coercitives sont considérées par beaucoup comme « normales » car elles sont pratiquées dans le but de « bien éduquer » l’enfant. Les parents pensent bien faire.” (Maud Alejandra)
Maud Alejandra est membre de l’Observatoire de la violence éducative ordinaire (Oveo) et du Haut Conseil de l’enfance, la voici qui nous explique très clairement ce concept : https://youtu.be/297Vq2SSUp0
Elle nous explique aussi que “la violence éducative ordinaire est comme un iceberg… La partie visible de l’iceberg, c’est la maltraitance que la société juge anormale. La ligne de démarcation est variable. Sous l’eau, il y a la partie invisible : donner une fessée, tirer l’oreille… Ce sont des violences physiques qui peuvent paraître anodines à certains. Mais elles sont humiliantes et ne respectent pas l’intégrité physique de l’enfant. La Veo est pour l’Oveo la racine de la violence humaine. Les 3/4 des victimes de maltraitance sont issues d’un contexte de violence ordinaire, qui peut dégénérer, aboutir à une mauvaise chute… Les parents ne pensent pas que cela peut aller aussi loin. Pourtant, chaque année en France, 700 enfants en meurent.
Une étude américaine* de 50 années de recherche concernant 160 000 enfants démontre qu’aucun des moyens coercitifs n’améliore le comportement des enfants. Au contraire, cela engendre un comportement antisocial, de l’agressivité, des maladies, du stress, de l’obésité, de l’eczéma, des dépressions… Cinquante pays dans le monde ont voté l’abolition des châtiments corporels. On constate qu’il y a moins d’enfants placés ou qui ont recours aux drogues dans ces pays. Quand une loi stipule que les punitions corporelles et violences psychologiques faites aux enfants sont interdites, le niveau de violence baisse, grâce à la prise de conscience qui en découle. Il faut également des mesures d’accompagnement : des ateliers pour les parents, des informations dans le carnet de santé… Si on ne dit pas que c’est interdit, la baisse de la violence n’est pas aussi significative. Nous pouvons prendre le chemin d’une autre société, où parents et enfants vivront plus en harmonie.”
* Dr Elizabeth Gershoff, avril 2016
Très concrètement, employer la violence pour changer un comportement, ça apprend à votre enfant à régler les conflits par la violence (n’oubliez pas, vous êtes un modèle pour votre enfant…).
Des aides existent pour les parents : des ateliers, des accompagnements…
Brisons ce tabou et parlons-en, sans jugement, sans malveillance, mais juste pour une prise de conscience, individuelle et collective et que cela s’arrête.
Stéphanie VERSEPUY